Depuis le Japon féodal, le Bushido demeure la voie du guerrier. Véritable fer de lance des samouraïs, ce code de conduite a imprégné la culture japonaise bien plus qu’il n’y paraît.
Le Bushido est un ensemble de règles morales que les guerriers japonais devaient suivre. Ce code éthique basé sur plusieurs valeurs fondamentales telles que l’honneur et la loyauté régissait leur vie jusqu’à leur mort.
Si vous êtes amateur des films d’arts martiaux (comme moi), vous avez sûrement façonné une image stéréotypée du samouraï japonais. Dans l'imaginaire collectif, c'est un guerrier raffiné dans sa façon de vivre et de pratiquer le combat, violent envers ses adversaires et adepte du seppuku (hara-kiri ou sacrifice rituel). Il faut savoir que ce guerrier est en réalité guidé par un code de conduite et une spiritualité propre à sa caste.
Découvrez les origines de ce code d’honneur, ses 7 valeurs essentielles ainsi que sa place dans l'esprit des samouraïs et au sein de la société japonaise.
🤔 Le Bushido, c'est quoi ?
C'est un terme japonais provenant du chinois " wu shi dao " signifiant littéralement « la voie du guerrier ».
Que diriez-vous d'un petit cours de japonais ?
Le préfixe « Bu » renvoie à l'ensemble des pratiques martiales ; « Shi » se traduit par « guerrier » alors que le suffixe « do » désigne « la voie ».
Bien que le mot « honneur » ne figure nulle part ni en japonais ni en français, cette vertu constitue le socle de ce code. Ainsi, le combattant aguerri ne se distinguait pas que par sa maîtrise de l'arc, de l'épée et des techniques de combat à main nue, mais par un comportement digne, quelle que soit la situation.
Ce côté éthique et spirituel propre aux guerriers japonais est attribué aux influences du shintoïsme, du bouddhisme zen et du confucianisme.
⛩ Les sources de l'éthique du samouraï
Le code éthique du guerrier ne fut pas une création ex-nihilo des seigneurs de la guerre qui régnaient en maîtres à l’époque féodale. Certes, ils l'ont sublimé à leur convenance, mais ils ont puisé dans les croyances religieuses et philosophiques de l'ancien Japon. D'ailleurs, c'est en temps de paix que ce code moral a été mis en valeur, enrichi et inculqué aux vaillants experts d'arts martiaux se trouvant au "chômage".
Tout en continuant à magnifier leurs techniques de combat par l'entraînement, ils se mirent à accorder autant d'intérêt à leur ascension spirituelle, notamment par la pratique du zen et de la méditation. Le Bujutsu (pratique martiale avec une finalité de combat) laisse place au Botu (développement spirituel par la pratique martiale). Ainsi, le samouraï acquit sa réputation légendaire de combattant invincible, mais aussi de personne raffinée.
Shintoïsme, bouddhisme et confucianisme
Les premières influences sont attribuées au shintoïsme - la religion ancestrale du Japon - qui cultive l’unité nationale. Le culte shinto place la famille au centre de la vie sociale, vénère les parents et les esprits des ancêtres. Toutefois, pour continuer à faire partie de la lignée familiale même dans l’au-delà, la mort doit être digne et honorable.
Le bouddhisme zen considéré comme la religion du samouraï depuis l’ère Kamakura, a illuminé la voie du guerrier en polissant sa moralité, sa sociabilité et sa spiritualité. La recherche de paix intérieure, d’harmonie et la perfection de l’âme en sont les préceptes.
Enfin, le confucianisme a façonné les mentalités des guerriers en apportant certaines valeurs comme la loyauté, la fidélité, la droiture et la bienveillance, si présentes dans la caste des samouraïs. Rappelons que ces derniers devaient servir leur seigneur jusqu’à la mort.
Les qualités spirituelles intégrées par les samouraïs font le bonheur et la tranquillité, aussi bien du peuple que des seigneurs (daïmio) : respect absolu de la hiérarchie et de l'autorité, engagement et fidélité sans faille, générosité envers les nécessiteux, compassion envers les vulnérables, soif de la culture, des arts et de la justice.
🔑 Les 7 principes essentiels du Bushido
Dans son ouvrage de référence « Bushido, l'âme du Japon », l'intellectuel Inazo Nitobe a relevé 7 valeurs essentielles associées au code d'honneur des samouraïs.
Gi : Droiture et sens du devoir
Le guerrier doit faire preuve de rigueur et accomplir sa mission dans la justice.
Yu : Courage héroïque
Le courage n'est pas aveugle ; il est guidé par la prudence, la maîtrise de soi, l'intelligence et la confiance en ses propres forces.
Jin : Bienveillance et compassion
La puissance acquise à force d'entraînement intense doit être mise au service de tous. L’empathie est une force redoutable pour le combat.
Rei : Politesse et respect
Un samouraï est toujours courtois quoiqu’il arrive. Sa force intérieure et sa férocité se révèlent au bon moment.
Makoto : Sincérité et vérité
L'action rejoint la parole donnée. L’honnêteté est une marque de respect, base de toute relation humaine. Le manque de sincérité plonge le guerrier dans le déshonneur.
Meiyo : L’honneur
Un samouraï est seul juge de son honneur et ne se cache pas la face. Il accomplit son devoir selon des principes éthiques.
Chugi ou chu : Devoir et loyauté
Un guerrier honorable voue une loyauté infaillible envers son seigneur à qui il promet sa fidélité jusqu’à la mort.
🏹 Le Bushido et les samouraïs
Les samouraïs ont marqué l'histoire du Japon. L'inverse est encore plus vrai : l'histoire du Japon a façonné ou dicté la pensée samouraï. Deux événements majeurs ont permis d'élever le code éthique des guerriers à son zénith : l'adoption progressive des pratiques zen (rinzai et soto) et l'ascension au pouvoir lors du shogunat Tokugawa en 1603 (période de paix durable).
L'impact du confucianisme, du bouddhisme et du shintoïsme sont importants et reconnus par les historiens, mais c'est la pratique du Zen qui aurait permis aux samouraïs de parfaire leur technique martiale et d'adoucir leur comportement. La concentration renforce la précision du geste (maniement des armes), le détachement du matériel garantit l'incorruptibilité, l'éveil spirituel engendre la compassion.
Sans la paix imposée par la lignée des Tokugawa, le destin et la voie du samouraï auraient été différents. Les reconversions étaient opérées : maîtres d'arts martiaux, artistes et intellectuels, gestionnaires, bandits, redresseurs de torts, etc. L'art martial était porté à son sommet dans les écoles ainsi que l'élévation spirituelle.
D'autres guerres suivirent avec leurs conséquences culturelles (occidentalisation, etc.), mais le code éthique des guerriers a résisté.
🥋 Code du samouraï et société japonaise
Pour un visiteur étranger, le Japon est le pays des contrastes : rituels ancestraux et haute technologie, retenue et extravagance, traditions et modernité.
La société japonaise actuelle (d'apparence occidentalisée) n'a jamais mis aux oubliettes de l'histoire l'héritage samouraï. Bien au contraire, elle y puise des forces dans les moments difficiles, comme ce fut le cas pour l'armée durant la Deuxième Guerre Mondiale (les pilotes kamikazes sont l'exemple le plus connu).
Le système scolaire japonais et le monde de l'entreprise témoignent aussi de l'impact continu des principes du code de l'honneur du samouraï sur la société nippone moderne. Ainsi, des valeurs universellement attribuées aux élèves et businessmen japonais puiseraient leur origine dans le code éthique des guerriers : la quête de l'excellence, le respect des instructions et de la hiérarchie, l'esprit combatif, le travail collectif, la précision dans le geste et dans l'organisation, la discrétion, l'amour des arts sont autant de valeurs empruntées au Bushido.
Le succès commercial des livres et des films consacrés aux samouraïs ainsi que la floraison des nouvelles écoles de pratiques martiales confirment que les jeunes Japonais gardent précieusement le legs spirituel et martial de leurs ancêtres : le samouraï est mort ; vive le samouraï !
Le propre des grandes civilisations, cultures, et religions est de résister au temps, aux événements et aux frontières tracées par l'homme. C'est le cas pour le code éthique des samouraïs. Il s'est inspiré des anciens courants religieux du pays au soleil levant et en a puisé ses valeurs morales. Le bénéfice était double : une plus grande perfection martiale et une intégration sociale exemplaire. Pour le Japon actuel aussi !
Vous savez maintenant que le bushido ne se résume pas à de simples principes guerriers. Au-delà du code éthique, c’est une véritable philosophie qui en découle.
La voie du guerrier permet une élévation du corps et de l'esprit, à travers l’apprentissage et la spiritualité. Plus qu’un code de conduite, le bushido est devenu une référence pour les arts martiaux japonais.
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1 commentaire
joe mama
c trop cool
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