Coiffures japonaises : origines et évolution

coiffure japonaise

Dans la culture nippone, chaque détail soigné comporte sa propre signification. Rien n’est laissé au hasard et même une coupe de cheveux peut avoir une origine ancestrale pleine de symboles.

Vous vous êtes déjà demandé pourquoi les samouraïs, les geishas et les sumos se peignaient ainsi ? Comment ces coiffures se sont-elles imposées comme marqueur de statut dans la société de l’époque ?

Découvrez à nos côtés l’histoire des coiffures japonaises, ainsi que les cérémonies et accessoires qui leur sont liés. 

Signification et symbolique des cheveux dans la culture japonaise

Les cheveux : symboles de vie et de mort

Izanagi

Izanagi. Source: deviantart.com @Ioruko

En japonais, « cheveux » et « dieu » se prononcent de la même manière : kami. Dans le recueil Kojiki : chronique des temps anciens, le classique de la mythologie nippone, la divinité Izanagi sort un peigne de ses cheveux et l’utilise pour produire de la lumière et s’enfuir des Enfers. Sa coiffe est ensuite transformée en grains de raisin afin de distraire la furie qui le pourchassait. Dans les plus vieilles légendes, les cheveux et leurs accessoires possèdent donc un pouvoir divin.

Si vous avez déjà regardé des films d’horreur japonais, vous aurez remarqué que les esprits ont souvent la même apparence : de longs cheveux décoiffés à l’aspect négligé. Lorsque les cheveux ne sont pas entretenus, ils symbolisent la peur, le mal. Par exemple, dans le film The Grudge, les interminables cheveux noirs sont un personnage à part entière. Quand ils apparaissent, le spectateur comprend qu’une scène horrifique est sur le point d’arriver. Les cheveux incarnent ainsi une présence inquiétante à eux seuls.

Si vous voulez en savoir plus sur ces êtres terrifiants, lisez notre article Yurei, des histoires de fantômes.

Les rites et cérémonies liés aux cheveux

ashitaka

Ashitaka. Source : celebrity.fm

Au Japon, se couper les cheveux est symbolique et s’inscrit dans un rite de passage. Au début du film d’animation Princesse Mononoké du studio Ghibli, Ashitaka a les cheveux longs. Mais, atteint d’une malédiction, il comprend qu’il est condamné et quitte son village à jamais. Pour marquer ce passage de la vie à la mort, le personnage se coupe les cheveux.

À l’époque Heian, les femmes se coupaient les mèches pour prouver qu’elles étaient fidèles à leurs époux. Cette pratique fit naître un véritable marché noir où l’on pouvait se procurer des cheveux afin de créer de toutes pièces la preuve de fidélité.

Durant la cérémonie Genpuku, le rite de passage vers l’âge adulte (aujourd’hui appelé Seijin Shiki), les garçons devaient se raser les cheveux à l’avant et au sommet du crâne afin de ressembler à un samouraï et ainsi, devenir un adulte.

Accessoires traditionnels pour se coiffer au Japon

Accessoires traditionnels cheveux Japon

Les accessoires sont tout aussi importants que les cheveux qu’ils embellissent. Les Japonaises accordent un grand intérêt au choix de leurs Kanzashi, de magnifiques épingles traditionnelles. En voici quelques exemples :

  • Hana Kanzashi : colorées et portées par les apprenties geishas. Elles comportent des fleurs qui changent selon la saison ou l’événement auquel on assiste. Ces épingles sont revêtues avec un Kushi, un peigne en bois japonais. 
  • Bon-ten : épingles arrondies. Ont une taille plus imposante et sont positionnées au-dessus de la tête. 
  • Bira-bira : deux baguettes qui se rejoignent en une plaque ronde, ornée de petits anneaux qui tintent les uns contre les autres lorsqu’on se déplace ou que le vent souffle.
  • Ogi-bira : l’épingle comporte de fins fils métalliques. Le tout ressemble à un bel éventail. On l’associe au style « princesse ».
  • Kogai : composé de deux pièces, l’épée (kogai) et son fourreau, décorées à chaque extrémité. Souvent vendu avec un Kushi assorti.
  • Hanagushi : Kushi orné de fleurs de soie. On peut y admirer la technique du Tsumami Kanzashi, qui consiste à assembler des carrés de tissus afin de représenter des fleurs.
  • Hirauchi : deux épingles dotées d’une décoration ronde et plate, accrochées à l’arrière de la coiffure.
  • Dôme de Kanoko : embelli de fleurs ou de pierres précieuses. Souvent porté par les apprenties geishas.
  • Tachibana : Très fleuri, avec deux épingles d’argent.
  • Chirimen Tegara : nœud triangulaire en tissu, place à l’arrière de la coiffure.

À l’époque, les hommes nobles bénéficiaient aussi de leurs propres accessoires capillaires comme le Kanmuri, une coiffe en soie recouverte de laque noire. Les peignes sont également très importants pour les Japonais. Par exemple, les sumos disposent de quatre styles de peignes en bois Sukigushi pour accomplir leur chignon traditionnel. Il est noué à l’aide d’une ficelle Motoyui et peaufiné avec une crème Bintsuke réalisée à partir de camomille et de cire. 

Coiffures traditionnelles japonaises – Geishas et samouraïs

Origines de la coupe des samouraïs : le chonmage

chonmage

Chonmage. Source : Wikipedia

Les samouraïs de la période Edo adoptaient une coiffure reconnaissable entre toutes : le chonmage. Le crâne est rasé sur le devant et le dessus. Les cheveux restant sur les côtés sont rassemblés en un chignon bourré de symboles.

Si vous êtes passionnés de pop culture, vous vous souvenez sûrement de la scène déchirante du Dernier Samouraï, où un samouraï se fait couper son fameux chignon contre sa volonté. Il est en larmes et tombe au sol, écrasé par un sentiment de déshonneur.

Si au départ le chonmage avait été pensé pour soulager les soldats en armure de la chaleur, stabiliser leur casque et éviter l’apparition des poux, il a fini par incarner l’âme des samouraïs. Ce chignon était le symbole de leur combativité, de leur dignité et de leur statut.

Lorsque le Japon s’est ouvert à l’Occident et à l’industrialisation, l’ordre des samouraïs fut aboli. Le gouvernement impérial a exigé que leurs longs cheveux soient coupés, pour s’adapter à la culture occidentale.

La plupart des hommes nobles portaient des cheveux longs, symboles de leur raffinement, rassemblés en un Man Bun. Aujourd’hui encore, le chonmage possède une connotation honorifique. En effet, la cérémonie Danpatsu-Shiki consiste à couper le chignon des sumos lorsqu’ils prennent leur retraite, car c’est un privilège réservé aux lutteurs.

Coiffures des femmes – les styles selon le statut social

Shimada

Shimada. Source : Wikipedia

Les cheveux des Japonaises n’étaient jamais coiffés au hasard. Ils reflétaient leur rang, leur âge et leur identité. Les geishas pouvaient porter différents types de chignons Shimada selon leur situation.

Le Shimada était arrangé ainsi : on attachait les cheveux en queue de cheval qu’on repliait en une boucle vers l’avant. Ensuite, on utilisait des Kanzashi pour fixer les cheveux et les embellir. La nuit, les geishas posaient leur tête sur un petit banc en bois, afin de ne pas abîmer leur coiffure. Leur chignon a évolué, passant du style Hyogo où les cheveux sont enroulés autour de la queue de cheval, au style Kogai Mage où les mèches sont cette fois-ci rassemblées en nœud de huit autour du chignon.

Le Tsubushi était assez plat et utilisé par les femmes plus âgées, et le Wareshinobu correspondait aux apprenties geisha. Les Maru Mage étaient réservés aux femmes mariées, et les jeunes Japonaises portaient des mèches sur leur front appelées Maegami. Avant la mode des chignons, on laissait ses cheveux longs lâchés à la façon Taregami.

Cette abondance de vocabulaire en elle-même reflète l’importance de la coiffure au Japon. On distingue par exemple les cheveux au-dessus du front Mae Gami, les cheveux dans le cou Tabo, les cheveux sur les côtés du visage Bin, et enfin le chignon Mage

Hime Cut

Hime cut. Source : Wikipedia

De nos jours, seuls les lutteurs de sumo et les acteurs de Kabuki portent le traditionnel chonmage. Les coiffures Man Bun reviennent à la mode pour les hommes, et les Hime Cut des femmes nobles de la période Heian sont aujourd’hui très tendance. Les cheveux sont plus courts au niveau des oreilles, ce qui forme deux charmantes franges sur les côtés. Certaines traditions sont indémodables !

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