Au Japon, une célèbre tradition du Nouvel An consiste à rendre visite aux sept divinités du bonheur afin d’avoir de la chance toute l’année. Chaque premier week-end de janvier, les familles se rendent dans les temples et sanctuaires pour prier ces Dieux et rapporter leurs sceaux : c’est le pèlerinage des Shichifukujin.
Dans la mythologie japonaise, on raconte que ces divinités auraient voyagé à bord d’un bateau-trésor pour distribuer des cadeaux à ceux qui se sont bien comportés.
Découvrez cette légende japonaise et invitez la chance chez vous !
📖 La légende des Shichifukujin
Chaque 31 décembre, sept divinités de la bonne fortune voyagent sur le Takarabune, le navire aux trésors, pour apporter la prospérité à ceux qui ont été sages. Ebisu, Daikokuten, Benzaiten, Bishamonten, Fukurokuju Hotei et Jurojin… Chacune d’entre elles est repérable à son apparence, ses accessoires ou ses animaux symboliques.
La nuit du Nouvel An japonais, les parents mettent une image du fameux voilier et de son équipage divin sous les oreillers des enfants. Ceci dans l’espoir qu’ils fassent de jolis rêves et de leur apporter la chance pendant les 12 mois suivants.
De gauche à droite : Hotei, Jurōjin, Fukurokuju, Bishamonten, Benzaiten, Daikokuten, Ebisu.
🛕 Origine des 7 dieux de la prospérité
Pourquoi 7 divinités et pas 5 ou 8 ? Eh bien, le chiffre 7 est connu pour porter bonheur dans de nombreux pays. Au Japon, il est utilisé dans les fêtes traditionnelles et les rituels : par exemple, la fête des étoiles Tanabata se déroule le 7e jour du 7e mois de l’année ; le Nanakusa no sekku (tradition qui consiste à manger 7 herbes médicinales) a lieu le 7 janvier. En outre, le bouddhisme parle de 7 réincarnations et l’on peut également citer les 7 vertus du Bushido, (code qui régissait les guerriers japonais à l’époque des samouraïs).
L’origine de la légende de Shichifukujin serait apparue au Moyen âge au Japon entre le XVIe et XIIe siècle sous le shogunat Tokugawa. A cette époque, le peuple avait besoin de prospérité et la religion constituait un soutien important. C’est alors que la légende des 7 dieux de la chance serait apparue au Pays du Soleil Levant. Il est dit qu’en priant ces Dieux de la félicité on serait nettoyé de 7 malheurs et gagnerait 7 bonheurs. A l’époque Edo, la tradition devient populaire comme peuvent l’attester les nombreuses représentations de Shichifukujin dans l’art traditionnel japonais.
🍀 Le pèlerinage des Shichifukujin
Le pèlerinage des sept dieux de la chance s’est développé avec la tradition du Hatsumode qui consiste généralement à visiter le temple ou le sanctuaire de son quartier le premier jour de la nouvelle année. Cette coutume apparue à l’époque Edo est censée apporter la chance tout au long de l’année. Le pèlerinage des Shichifukujin s’est développé dans le même esprit. Ainsi visiter sept divinités garantirait le summum de la prospérité. De nombreux itinéraires sont proposés au Japon, en particulier dans les villes de Tokyo. Le pèlerinage Shichifukujin Meguri est pratiqué par de nombreux locaux, notamment dans le quartier de Yanaka. L’une des coutumes du Shichifukujin consiste à rapporter un sceau de chaque lieu de culte. Véritable talisman, ces derniers nommés goshuin sont constitués d’une calligraphie et d’un tampon attestant de la visite.
⛩ Shichifukujin : Reflet du syncrétisme religieux
Vous vous souvenez, les Japonais sont les champions du syncrétisme. Aussi, il n’est pas étonnant que les divinités soient issues de plusieurs religions comme le bouddhisme, l’hindouisme, le shintoïsme et le taoïsme. Ces dieux originaires d’Inde, de Chine et du Japon ont apporté avec eux différentes formes de croyances.
⛵ Sept Dieux sont sur un bateau
Gravure sur bois en couleur représentant le Takarabune par Utagawa Hiroshige.
Dans de nombreuses représentations (peintures, estampes, sculptures, images…) on peut voir un bateau sur les flots avec les 7 dieux entassés dedans. Sur la voile apparaît le caractère chinois « baku » (獏), une créature de bon augure qui repousse les cauchemars. On peut également noter la présence d’éléments symboliques comme les grues, les tortues ou autres porte-bonheur japonais.
Le bateau aux trésors et son équipage représentent la richesse, la longévité, la chance et le bonheur. En effet shichi (七) se réfère au chiffre « 7 », fuku (福) signifie « chance » et jin (神) « divinité ». A partir de l’époque Edo, de nombreuses estampes montrent cette scène mythologique utilisant des pigments naturels. Plus récemment, le voilier des 7 divinités du bonheur est le thème d’illustrations colorées et enfantines avec des bonshommes aux têtes rondes.
Si les sept dieux apportent tous bonheur et félicité, chacun d’entre eux est lié à une profession. Ainsi, les agriculteurs vont plutôt vénérer Ebisu et Daikokuten, les professeurs honoreront Jurojin et les artistes Benzaiten. Quant aux professionnels de la restauration, ils prieront sûrement Hotei.
🦹♂ Les Sept Divinités du Bonheur, qui sont-ils ?
🎣 Ebisu le dieu pêcheur
C’est le patron des pêcheurs et des marchands. Ce dieu protecteur des marins et des agriculteurs est très vénéré au Japon. On le représente souvent avec son acolyte Daikokuten. Coiffée d’un chapeau de chasseur, la déité porte dans ses mains une canne à pêche et un gros poisson. Il est lié à la vertu de l’honnêteté. Ebisu serait également le premier enfant des dieux démiurge Izanami et Izanagi, surnommé « L’enfant sangsue ». On notera que c’est le seul dieu d’origine japonaise.
💰Daikokuten le dieu créateur de richesse
Incarnation de Shiva, c’est la divinité hindoue de la richesse, du commerce et de l’agriculture. Daikoku est également le protecteur des cuisiniers. Bien portant et souriant, ce dieu chasseur de démons porte un bonnet et un sac empli de sagesse. Il est assis sur des balles de riz et tient dans sa main un maillet qu’il agiterait pour créer de la richesse.
⚔ Bishamonten le dieu guerrier protecteur
Venu de Chine sous le nom de Tamonten, Bishamonten est une incarnation de Vaishravana, divinité hindoue gardienne du Dharma (loi bouddhiste). Le roi protecteur du Nord est vêtu d’une armure et tient une lance, ainsi qu’une pagode. Considéré comme le dieu de la guerre et de la prospérité, Bishamon est vénéré par les guerriers pour leur porter chance au combat.
🎵 Benzaiten la déesse de l’éloquence et des arts
Benzaiten, appellée également Benten pour les intimes 😉, est la déesse de l’eau et la seule divinité féminine du clan des 7. C’est l’incarnation de la divinité hindoue Sarasvati, déesse des arts, de la musique, de l’éloquence, du savoir et de la beauté. Elle est accompagnée d’un serpent blanc et d’un biwa (instrument de musique japonais).
🪙 Fukurokuju : Dieu de la richesse et de la longévité
C’est une divinité chinoise issue du taoïsme qui représente la sagesse, la virilité, la fortune et la longévité. Fukurokujin était un philosophe chinois de son vivant. On le décrit comme un vieil homme chauve avec une longue barbe blanche et un crâne allongé. Il porte une canne de sagesse et est accompagné parfois d’une grue ou d’une tortue.
🤓 Jurojin : dieu la longévité et la sagesse
C’est le plus âgé des 7 divinités. Patron des enseignants, cette divinité taoïste ressemble à Fukurokuju avec sa longue barbe et son crâne chauve. On raconte qu’ils partagent le même corps. Cet érudit tient un bâton qui contient les secrets de la longévité. Il est souvent accompagné d’un cerf, ou d’un autre animal de bon présage.
😁 Hotei : la générosité et l’abondance
Hotei aussi appelé le Bouddha rieur serait l’incarnation de Maitraya ou Bouddha du futur. Ce vieux moine chinois qui a réellement existé au 10e siècle a également rejoint la religion taoïste et shinto. C’est la divinité de la bonne santé, du bonheur, de l’abondance et du commerce. Hotei est très populaire en Asie et en Occident où on le retrouve fréquemment dans les restaurants. Représenté par un gros bonhomme chauve, bedonnant et souriant, Hotei attire la prospérité et tient un sac empli d’un trésor qui ne se vide jamais. Il paraît que frotter son ventre porte chance. Avez-vous déjà essayé ?