Au Japon, certaines fêtes sont absolument incontournables. C’est le cas du festival Setsubun qui amuse beaucoup les petits et les grands ! Lors de ce jour spécial qui marque le passage de l’hiver au printemps, les Japonais célèbrent la nouvelle saison.
Chasse aux démons, maki porte-bonheur, découvrez les étranges traditions du Setsubun et le folklore qui l’accompagne.
🌱 Le 3 février, on célèbre l'arrivée du printemps
Chaque année au Japon, le Setsubun matsuri annonce l’arrivée du printemps et le commencement de la nouvelle année, selon l’ancien calendrier lunaire. Cette fête traditionnelle japonaise connue pour son lancer de haricots a lieu le dernier jour de l’hiver. Elle tombe en général le 3 février, mais cela peut varier d’un jour suivant la position des astres. A cette date, on célèbre le risshun (début du printemps) et l’on se réjouit de cette période de renouveau où fleurissent les pruniers. Les rues sont hantées de créatures maléfiques appelées oni qui effraient les enfants. Les quartiers s’animent et l’on peut voir des processions, danses et autres rituels folkloriques autour des lieux de culte. Tous les ans, la tradition du Setsubun veut que l’on chasse les démons et que l’on invite le bonheur chez soi. C’est aussi l’occasion de souhaiter une bonne santé à son entourage.
🏹 Setsubun, une fête pour chasser les démons
Les oni sont les démons du folklore japonais qui ressemblent à des ogres tout droit venus des enfers. Ces vilaines créatures seraient à l’origine de nombreux maux comme les maladies et les catastrophes qui tourmentent les humains. Or, avec l’arrivée du printemps, les oni refont surface.
La tradition du mame-maki
La chasse aux démons est une coutume issue d’un récit populaire et d’un jeu de mots. Ce rituel s’appelle le mame-maki « lancer de haricots de soja ». Or, 豆« mame » se prononce de la même façon que les kanjis 魔目 et 魔滅 qui signifient respectivement « démon »« œil » et « démon » « destruction ». Le concept ? Balayer les mauvais esprits qui veulent entrer dans la maison et attirer la bonne fortune dans le foyer.
Pour ce faire, les Japonais jettent des graines de haricots par la fenêtre ou à l’intérieur des maisons. En effet, ces dernières auraient le pouvoir de détruire ces horribles créatures. Ils prononcent en même temps la formule magique « Oni wa soto ! Fuku wa uchi ! » : « Dehors les démons ! Dedans le bonheur ! ». De cette manière, les forces néfastes et les mauvaises choses de l’année écoulée disparaissent, laissant place au positif.
A l’approche du festival Setsubun, les kombini se remplissent de masque oni et de sachets de haricots porte-bonheur (fuku-mame) de toutes marques pour préparer la cérémonie. Le jour J, les graines sont grillées et déposées dans un contenant en bois de forme carrée pour servir de « munitions » aux chasseurs avant d’être dévorées.
A cette occasion, le père de famille ou un autre volontaire, porte un masque de oni pour jouer le rôle du démon. Il se fait chasser par les enfants à coup de graines de soja grillées (mame). Ensuite, chacun mange le même nombre de haricots que son âge et parfois un de plus par précaution. Cette tradition assure santé et chance pour les douze mois qui suivent.
🐟 Le poisson pour éloigner les démons
D’autres rituels sont utilisés pour repousser les démons. Dans certaines régions, les habitants accrochent à leur porte une guirlande de houx avec une tête de poisson d’Iwashi. Ce talisman pointu et malodorant est idéal pour éloigner les démons, mais pas seulement 😉
⛩ Fêter le Setsubun dans un temple ou un sanctuaire
La veille du printemps, les temples et sanctuaires organisent des cérémonies traditionnelles pour le Setsubun. A l’occasion du mame-maki, certains invitent des célébrités comme des lutteurs de sumo, maiko (apprenties geishas) ou des idols pour jeter des haricots bénits et autres lots sur la foule. Les festivités se poursuivent avec des danses traditionnelles, des grands feux et autres rituels folkloriques. Bien sûr, les démons oni envahissent les lieux, au plus grand bonheur des enfants. A Tokyo, ne manquez pas la cérémonie des temples Senso-ji ou Zojo-ji ! Du côté de Nara, rendez-vous au sanctuaire Kasuga Taisha pour le Setsubun Mantoro. Enfin, à Kyoto, le sanctuaire shinto Yoshida-jinja ainsi que les temples Mibu-dera et Rozan-ji offrent une ambiance festive.
🍀 La tradition du Ehomaki pour se porter chance
Lors de la fête du Setsubun, la chasse aux démons n’est pas la seule tradition qui rythme la journée. Le soir, il est de coutume d’avaler un ehomaki, un genre de futomaki venu d’Osaka, qui porte bonheur. Mais attention, pour que la magie opère, il faut suivre certaines règles. Tout d’abord, l’ehomaki doit être composé de 7 ingrédients afin d’honorer les 7 dieux du bonheur Shichifukujin.
Ensuite, ce long sushi roulé doit être orienté dans une direction bien précise (eho), déterminée par les signes du zodiaque chinois. Enfin, le maki doit être mangé en entier sans parler. N’oubliez pas de faire un vœu en savourant ce délicieux mets traditionnel.
🙋♂️ Comment faire un ehomaki ?
Vous avez besoin de riz vinaigré et de sept ingrédients au choix. Cela peut être de l’avocat, du concombre, des carottes, des épinards, des champignons, de l’omelette, des crevettes, ou ce que vous voulez. Les aliments sont crus ou cuits dans une sauce à base de soja, sucre, saké et mirin puis roulés avec le riz dans une feuille d’algue nori.
Le ehomaki n’est pas le seul plat que l’on déguste la veille du printemps. Dans certaines régions on peut manger du setsubun soba (pâtes de sarrasin), des sardines grillées « setsubun iwashi » ou autres spécialités gastronomiques préparées pour l’occasion.
🇨🇳 L'origine du festival Setsubun
Oni chassé par des jets de haricots, par Hokusai. Source : Wikipedia
Autrefois, le Setsubun était une fête chinoise introduite par les nobles de la cour impériale au début de l’époque Heian. Lors de cette célébration connue sous le nom de tsuina, on tirait à l’arc ou l’on exorcisait les démons en jetant des haricots. Le Setsubun a pris sa forme actuelle à la période Muromachi avant de devenir populaire à l’époque Edo grâce à un célèbre conte dans lequel un oni est anéanti par un lancer de soja.
Au Pays du Soleil Levant, Setsubun 節分 signifie « division de saison ». Le nom provient des nœuds du bambou qui évoquent le passage des saisons dans la culture nippone. Selon une croyance, les mauvais esprits sont plus présents lors des changements de saison, période à laquelle on tombe souvent malade. Ainsi on les chasse la veille de ce moment charnière pour commencer un nouveau cycle sur de bonnes bases. A l’origine, il y avait une cérémonie pour les quatre saisons : l’automne, l’hiver, le printemps et l’été mais seule la célébration de la veille du risshun a été conservée. Aujourd’hui, Setsubun se fête en famille et dans les lieux publics comme les temples, les sanctuaires ou les écoles, au plus grand bonheur de tous.
Source : Wikipedia
Setsubun au Japon c’est un peu comme la Chandeleur qui symbolise la fin de l’hiver. Ce jour de fête non férié, on perpétue les traditions et on savoure de bonnes choses. Et si vous en profitiez pour vous débarrasser de vos vieux démons, selon la méthode du lancer de haricots ?