Au Pays du Soleil Levant, le thé vert est omniprésent. On le consomme au quotidien en boisson chaude ou froide. Aussi, cet ingrédient se retrouve dans de nombreuses spécialités culinaires ou pâtisseries. De sa culture à sa consommation, ce breuvage est infusé de bouddhisme zen. Découvrez, l’art du thé au Japon !
🙋♂️ Pourquoi les Japonais boivent-ils autant de thé ?
Gravure sur bois de Kitao Shigemasa, [entre 1772 et 1776].
Au Japon, le thé est une boisson incontournable totalement ancrée dans la culture nippone. On le consomme au cours des repas et tout au long de la journée. Par ailleurs, cette infusion est souvent proposée à volonté dans les restaurants à la place de l’eau.
Une boisson ancrée dans la tradition
La culture du thé a été introduite au Japon autour du 8e siècle par des moines bouddhistes revenus de Chine. Les moines Saicho et Kukai en faisaient partie. En 805, Saicho aurait semé des graines de théier issues de son voyage au pied du mont Hiei. Le recueil historique du Nihon koki quant à lui fait référence au moine Eichu. Ce dernier aurait rapporté de Chine, la culture du thé et proposé ce breuvage à l’empereur Saga. La consommation de cette boisson rare est alors réservée à la noblesse et le théier cultivé dans les jardins du palais impérial pour servir les cérémonies religieuses.
A la période Kamakura, un certain moine nommé Eisai, fondateur du bouddhisme Rinzai, écrit Kissa Yojoki, un ouvrage sur les vertus médicinales du thé. Les plantations de thé se répandent au Japon, notamment dans la région de Kyoto et la boisson devient celle des moines zen et des samouraïs. Au XVe siècle, le thé d’Uji est considéré comme le meilleur du pays. Alors que les compétitions de thé (tocha) deviennent très populaires, les pratiques sont décriées.
Peu avant l’époque Muromachi, un nouvel art apparaît mêlant esthétisme et spiritualité à cette boisson raffinée : la Cérémonie du thé appelée chado ou chanoyu. Cette dernière est codifiée au XVI siècle par le grand maître du thé japonais Son no Rikyû. Pendant ce temps, le breuvage gagne peu à peu toutes les classes sociales. A l’époque Edo, le thé infusé se démocratise, mais reste néanmoins une denrée rare. Ce n’est qu’au XXe siècle que ce breuvage devint une boisson quotidienne, grâce au développement de l’industrialisation et des récoltes mécanisées.
Les bienfaits du thé japonais
Au Japon, l’espérance de vie bat tous les records. Si le pays compte autant de centenaires, c’est peut-être grâce à la consommation importante de thé vert. En effet, le thé japonais possède de nombreuses vertus pour la santé grâce aux catéchines qu’il contient. Ces polyphénols de la famille des flavonoïdes sont très bénéfiques pour la santé. Ils sont présents dans les théiers issus du Camellia Sinensis. Contrairement aux thés noirs qui ont été entièrement fermentés, le thé vert reste très pur. Ainsi l’organisme profite pleinement de ses bienfaits.
Cet anti oxydant naturel va aider les cellules à lutter contre le stress oxydatif responsable du vieillissement et de certaines maladies. Ainsi boire du thé aide à prévenir le risque de diabète, d’hypertension et de cancer en complément d’une hygiène de vie saine. Mais ce n’est pas tout, cette boisson ancestrale régule l’absorption des graisses, aidant ainsi à garder la ligne. De plus, le thé japonais aurait des vertus sur l’esprit. Il apaiserait le mental et augmenterait la concentration tout en maintenant l’éveil. C’est d’ailleurs pour cela que les moines bouddhistes l’utilisent pour la méditation.
🍵 Comment boire le thé au Japon ?
Un thé bio est gage de qualité à condition qu’il ait été cultivé en altitude, avec de bonnes conditions météo, récolté au bon moment et fabriqué avec soin lors des différentes étapes (séchage, broyage….). La préparation du cette boisson chaude tient également un rôle prépondérant tant sur le plan gustatif qu’au niveau des bienfaits pour la santé. Ainsi, la température et le volume d’eau, la quantité de feuilles et le temps d’infusion sont des facteurs déterminants qui varient selon les variétés.
Certains thés riches en théines comme le gyokuro se consomment davantage le matin alors que d’autres comme le sencha accompagnent les repas ou sont bus au cours de la journée. Le soir les Japonais privilégient les thés moins stimulants comme le bancha ou le genmaicha. Le matcha se boit 1 à 2 fois par semaine ou tous les jours. Tandis que le sincha se consomme en cure.
Si les Japonais boivent souvent du thé à la place de l’eau, il vaut mieux consommer cette boisson en dehors des repas pour ne pas limiter l’absorption du fer. De même, le thé est accusé de réduire l’efficacité de certains médicaments. On se limitera à un maximum de 5 tasses par jour pour éviter les effets indésirables comme les troubles du sommeil, par exemple. Bien sûr, cette recommandation est variable en fonction de la sensibilité de chacun. Pour une bonne conservation, on met le thé dans une boîte à thé hermétique et opaque pour protéger les feuilles de l’humidité et de la lumière. Cette dernière doit être stockée dans un endroit frais et sec. Le thé vert se conserve quelques mois sans dépasser un an pour garder un maximum de qualité. Le thé matcha doit être conservé au réfrigérateur de préférence et utilisé rapidement.
💙 Quel est le meilleur thé vert japonais ?
Le thé se choisira en fonction des saveurs que vous appréciez et des vertus médicinales. Voici quelques thés populaires au Japon :
Sencha, le thé vert le plus consommé
Signifiant thé infusé, le thé sencha est très apprécié des Japonais avec son goût frais et végétal. Il peut être doux ou amer en fonction de sa provenance. S’il est peu connu à l’étranger, ce thé cuit à la vapeur est le plus répandu au Japon. On le trouve même en canettes. Cette variété représente à elle seule 80% des récoltes. Les plants de sencha produisent également du thé shincha, issu de la première récolte.
Bancha, le thé ordinaire
C’est un thé particulièrement consommé par les Japonais pour ses vertus médicinales. Riche en minéraux, il aide à reconstruire la flore intestinale. Contrairement au sencha, le thé bancha provient de la dernière récolte. Ces feuilles plus anciennes lui procurent un goût très acide. Il contient peu de caféine et favorise la digestion.
Gyokuro, le plus recherché
C’est un thé « ombré » supérieur, connu pour sa saveur umani. Pour obtenir des notes subtiles et réduire l’amertume, les jeunes pousses et bourgeons ont été privés de soleil pendant 2 à 3 semaines avant la récolte. La technique de l’ombrage consiste à recouvrir les théiers avec de la paille de riz ou des toiles ajourées.
Matcha, pour la Cérémonie du thé
Originaire de Chine, le thé matcha est un thé traditionnel très noble au Japon. Comme le Gyokuro, il a été privé de lumière. Il est conçu avec du tencha séché (feuilles auxquelles on a enlevé les nervures). Ces dernières sont broyées afin d’obtenir une poudre très fine. Le thé matcha a une préparation très particulière. On le mélange à de l’eau chaude grâce à un petit fouet en bambou appelé chasen. Son goût est puissant et sa conservation fragile.
Genmaicha, le thé au riz soufflé
A l’origine le thé genmaicha était la boisson des classes ouvrières. C’est un thé réalisé avec des feuilles bancha ou sencha coupées avec du riz complet soufflé. Ce thé populaire possède un goût de noisette.
Hojicha, le thé le plus récent
Signifiant « thé grillé » en japonais, c’est un thé vert torréfié fabriqué à partir de sencha, bancha ou de kukicha. Les feuilles grillées lui confèrent un goût caramélisé. Ce thé bon marché contient peu de théine et accompagne très bien les plats de poissons crus.
Kukicha, à boire toute la journée
Léger en théine, cet assortiment de thé vert essentiellement composé de tiges peut être consommé toute la journée. Son goût est frais et iodé.
Oolongcha, le thé pour commencer
Le thé vert et le thé noir, la variété Oolongcha n’a pas subi d’oxydation complète, ce qui en fait un bon compromis pour adopter les saveurs herbacées du thé japonais.
Sanpincha, le thé vert au jasmin
Avec ses notes florales et puissantes, et ses nombreux nutriments, le sapin-cha est très apprécié dans la région d’Okinawa.
🫖 Comment faire un bon thé japonais chez soi ?
Comme nous l’avons vu, la préparation du thé influe énormément sur sa saveur. De plus, chaque variété a ses propres recommandations. Vous souhaitez profiter de tous les arômes et des bienfaits de cette boisson délicieuse ? Voici quelques conseils pour faire un vrai thé japonais dans les règles de l’art.
Quantité de thé
Tout d’abord, on met le thé dans une théière traditionnelle (kyusu). La quantité de feuilles et d’eau est variable. Pour le sencha on conseille 2 à 3 gr de feuilles dans 60 à 90ml d’eau/personne alors que le gyokuro requiert environ 3g dans 20 ml d’eau pour un goût très concentré. Enfin le bancha doit être beaucoup plus dilué.
Température de l’eau
On fait chauffer l’eau dans une casserole (ou une bouilloire) à 90°. Afin de refroidir cette eau, on la verse dans une tasse de thé ou un yuzamushi puis on attend une minute avant de la transvaser dans la théière. Ainsi on obtient une température d’environ 80°C, idéale pour le thé sencha par exemple. En répétant cette opération plusieurs fois, on peut régler la température selon les recommandations. Par exemple, la température indiquée pour un thé Gyokuro étant de 50°- 60°C, on effectuera ce transvasement trois fois. Le thé bancha et Hojicha quant à eux s’infusent dans l’eau bouillante.
Temps d’infusion
On laisse infuser de quelques secondes à trois minutes selon le type de thé et ses préférences gustatives (environ 2 minutes pour le Gyokuro et le sencha haut de gamme, 1 minute pour le sencha standard et à peine 30 secondes pour le Hojicha et le Bancha). Ensuite, on remplit les tasses petit à petit en passant de l’une à l’autre afin d’avoir la même intensité. On peut pratiquer plusieurs infusions, sauf pour le Genmaicha.
Plus qu’une boisson ancestrale, la préparation et la dégustation du thé représentent un art dans la culture japonaise. Véritable moment de détente où le temps s’arrête, apprenez à savourer ce breuvage raffiné.